dimanche 29 juillet 2012

Besoin de prendre de l'altitude… (cet article reprend un texte publié mardi 24 juillet sur la page du réseau social Livre-de-Visage ;-) de la librairie)


Chers amies, chers amis,


Paradoxal, d'afficher ce sourire dans une interview "décalée" parue ce matin dans le Républicain Lorrain, et de vous annoncer en même temps une situation grave?

Depuis jeudi dernier, la Librairie La Préface se trouve en redressement judiciaire. En clair, lui est accordée une première période de répit, d'une durée de six mois, où ses dettes sont gelées, et où l'activité peut se poursuivre, et se développer selon des axes plus profitables* mais qui n'entrent pas en conflit avec le projet initial. Somme toute, un répit, nécessairement mis à profit pour, très rapidement, mettre en place ce qui témoignera à nouveau, dans six mois, que la librairie est viable et utile.
Qu'est ce qui va changer? En apparence, peu de choses. Le répit me permet de mettre à nouveau, pour les semaines à venir, un service de commande en place, et de proposer plus de nouveautés.
L'arrivée du livre d'occasion (mais cela n'est pas "nouveau"…sourire) fait partie de nouveaux services après que vous en ayez manifesté la demande, et c'est plutôt un beau succès : passez voir, il arrive de nouveaux livres chaque semaine, et souvent de belles rencontres se font dans les bacs d'occasion!
Par ailleurs, une librairie vit au sein de son territoire, et travaille avec les collectivités locales, territoriales. Ce sont des pratiques longues à mettre en place, qui lui ont fait partiellement défaut, mais les soutiens manifestés par notre ville, par la communauté de communes, le département, la région vont dans ce sens, et des collaborations sont en voie (accélérée) d'élaboration. Il s'agit bien sûr d'approvisionner bibliothèques et établissement scolaires, mais aussi de prolonger le travail auprès du public jeune engagé avec certains d'entre vous, enseignant(e)s, qui se reconnaîtront et que je remercie pour le travail accompli, et l'aide apportée ces dernières semaines, tout comme je remercie, de façon étendue, chacun(e) d'entre vous qui aura déjà contribué à l'activité de la librairie (pas encore suffisante, mais prometteuse) et y contribuera encore, ce répit nous y incitant.


Voilà. La tradition, dans le commerce, est de d'affirmer que "Oui, tout va bien!", même si le temps est à la brume ou l'orage. Une librairie reste un commerce un peu moins "habituel" et s'accommode du ciel au-dessus de sa tête. Il fait bon lire sous la pluie, ou au soleil. Et il fait bon, quelquefois, prendre de l'altitude!


*Petit aparté quant aux dispositions particulières qui réglementent (ou devraient réglementer) la vente de livres, . Défendant la spécificité du métier de l'activité "librairie", je me suis entendu dire par un juge consulaire que "librairie ou pas, un commerce est un commerce…".
Reste que, la Loi Lang, aout 1981, qui régit cette activité, prévoit quantité de petites choses intéressantes. La plus connue reste le prix unique du livre (fixé par l'éditeur, avec une remise maximale de 5% accordée aux particuliers) ce à quoi tout le monde se tient. Soit.
L'article 1 prévoit aussi que "Tout détaillant doit offrir le service gratuit de commande à l’unité…" : dans l'absolu, quiconque vend du livre au détail doit également permettre au client/lecteur/consommateur de commander le livre de son choix ; les libraires s'y plient, jonglent avec les frais de port, les commandes au détail d'une multitude de livres "obligatoires" (manuels scolaires, poches, etc…) y consacrent une grande partie de leur temps et de leur trésorerie, ce "qu'oublient" de faire une grande majorité de points de vente (grande distribution, bureaux de presse, jardineries, grandes surfaces de bricolage, de déco, station services d'autoroute…) sans néanmoins oublier de capter une grande partie des ventes faciles et profitables qui de ce fait échappent aux librairies. Concurrence vraisemblablement déloyale, ne croyez vous pas? Affaire de commerçants, de loi et de sanctions, mais aussi affaire de consommateurs/clients/lecteurs/citoyens...
Rions un peu : on m' a rapporté qu'un confrère, dans une région un peu plus ensoleillée, s'est "amusé" il y a quelques années à mobiliser ses ouailles, et à envoyer à la "caisse centrale" de ces grandes surfaces du canton, de joyeux groupes d'une trentaine d'individus, chacun muni d'une liste de livres à commander (liste à la Prévert, comme j'en vois parfois et comme je me sentirais volontiers d'en établir), et accompagné d'un huissier mandaté pour constater que le précieux et obligatoire service de commande n'était manifestement jamais envisagé, et de relayer l'affaire ensuite par voie de presse... A garder sous le coude, et éventuellement à partager… :-)

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